Sur la route des contes

Dans le cadre  de notre chapitre  « Au pays des contes », au cours duquel nous avons exploré certains contes de Charles Perrault, nous, élèves de la classe de 6°3, avons eu à réinvestir nos acquis sur le genre du conte (schéma narratif et schéma actantiel, imprégnation du merveilleux) et sur des points de langue (dont la conjugaison et l’emploi de l’imparfait et du passé simple de l’indicatif) au cours d’une évaluation finale ayant pour objectif la rédaction d’un conte merveilleux.

Nous avons ainsi, à partir de consignes données et d’un barème d’auto-évaluation, imaginé d’abord sommairement notre récit, puis rédigé le brouillon de notre conte, en respectant les étapes du schéma narratif.

Notre brouillon une fois corrigé, nous avons eu à perfectionner notre travail au propre, indiquant en outre la fonction de nos personnages, imaginant un titre à notre récit et une moralité en vers.

Nous avons eu, finalement, à concevoir la première de couverture de notre conte et une illustration.

Nous avons aujourd’hui le plaisir de vous présenter le conte de notre camarade, Yasmine Raoux, intitulé « La Petite Pervenche ».

Nous vous invitons, par ailleurs, à venir lire l’ensemble de nos contes, qui seront bientôt disponibles au CDI.

Oui, venez ouvrir nos livres « et peser soigneusement ce qui y est traité », comme l’écrivait Rabelais...

Bonne lecture !

Les élèves de 6°3

L. Sayeg-Chevalley


La Petite Pervenche


Il était une fois une jeune fille qui vivait dans une grande ville. Elle se nommait « Petite Pervenche », car elle avait de beaux yeux pervenche, et elle était la cadette de la famille. Elle avait trois sœurs et deux frères. Elle était aimable et gentille, mais ses sœurs ne l’aimaient pas car elles ne voyaient pas ses qualités. Elles la mettaient à l’écart et la considéraient comme leur servante. Heureusement, Petite Pervenche était consolée par ses frères, notamment Romain, l’aîné.

*

Un jour, une annonce se répandit dans la cité : le prince décidait de se marier et faisait passer une série d’épreuves. Les jeunes filles réussissant ces épreuves seraient tirées au sort : la gagnante deviendrait alors l’épouse du prince. Petite Pervenche, ayant eu vent de l’annonce, décida de tenter sa chance, mais ses sœurs se moquèrent d’elle ; elles aussi avaient décidé de surmonter ces épreuves. Elles partirent donc le matin même.

Petite Pervenche, contrairement à ses sœurs, ne quitta la maison que le lendemain. Accompagnée de Romain, elle prit une calèche, mais ils durent en descendre et finir leur chemin à pied car la circulation était trop dense. Petite Pervenche ouvrit grand ses yeux et ses oreilles : elle entendit le bruit des sabots sur la chaussée, les marchands qui braillaient à tue-tête, les gens discutant dans la rue. Elle vit des affiches collées aux murs, des dames marchant d’un pas majestueux, soulevant leurs grandes robes, s’éventant avec des éventails, tout en parlant de n’importe quoi ; Petite Pervenche saisit des bribes de conversation : « Savez-vous que le prince cherche une épouse…  Étiez-vous au courant que le duc organise un bal…  Y êtes-vous conviée… »

Quand le frère et la sœur arrivèrent enfin devant le palais, le soleil était haut dans le ciel. Ils se promenèrent, attendant l’heure exacte du concours. Ils n’eurent pas à patienter longtemps : les grandes portes royales s’entrebâillèrent dans un grincement et le prince apparut. Il était beau comme le jour ! Ses cheveux blonds bouclaient par endroits, il avait un nez droit et de fines lèvres. Ses grands yeux verts s’agrandirent quand il vit toutes les femmes agglutinées autour de lui. Il se racla la gorge et s’écria : « Mesdemoiselles, la première épreuve consiste à tisser une robe avec des fils de toile d’araignée. Aucune tricherie ne sera acceptée. Vous devrez vous débrouiller seules. »

Petite Pervenche ouvrit de grands yeux. Comment faire ? Mais Romain lui posa une main rassurante sur l’épaule et lui glissa : « Ne t’en fais pas. Je sais comment faire : rentre à la maison, cherche, dans ma chambre, une araignée, dans un bocal. Je l’ai attrapée quand j’étais petit. Elle t’aidera. »

Petite Pervenche le remercia et entama le chemin du retour. Elle arriva chez elle dans la soirée. Elle monta les marches du grand escalier et s’arrêta à l’étage, où se trouvait la chambre de son frère. Après avoir cherché dans  les grandes armoires, elle dénicha un pot. À l’intérieur, se trouvait une grosse araignée noire. Elle posa le récipient sur une table et l’ouvrit. Elle parla doucement à l’animal, qui entrouvrit ses paupières : « Que veux-tu ? » Petite Pervenche lui expliqua. L’arachnide lui dit alors : « J’accepte de t’aider car je t’ai vue travailler. Je t’ai vue faire le ménage des mois durant. À chaque fois que tu rencontrais un insecte, tu le prenais dans tes mains et l’aidais à s’échapper au lieu de l’écraser. Je t’aide car tu as aidé la plupart de mes semblables. » L’araignée commença à tisser. La robe prit forme peu à peu. Quelques heures plus tard, la robe était terminée. Petite Pervenche revint au palais. Elle patienta dans le grand hall, et un homme vint pendre la robe.

Le lendemain, Petite Pervenche attendit à nouveau devant le palais. Il y avait une trentaine de jeunes filles. Comme la veille, le prince vint annoncer la seconde épreuve : « La deuxième épreuve consiste à broder votre robe de rayons de soleil. » Petite Pervenche entra dans le château, et y récupéra sa robe. Elle réfléchit aux paroles du prince.  Broder la robe de rayons de soleil.  Une idée lui vint alors à l’esprit. Elle se leva et traversa la forêt. Elle arriva à une grotte, bordée de lianes. Une petite porte en bois était incrustée dans la pierre. Petite Pervenche toqua trois coups à la porte, et laissa passer le temps. Elle admira tous les petits détails incrustés dans la pierre lisse. Une voix la fit sursauter. Une fée était en train d’apparaître dans la grotte sombre. L’être demanda à la jeune fille ce qu’elle voulait. Ayant compris sa quête, elle accepta : « Je vais t’aider car, un jour, alors que j’étais transformée en faon, des chasseurs sont arrivés. Ils m’ont vue et ont failli me tuer. Tu es alors survenue. Tu m’as sauvée en suppliant les chasseurs de me laisser la vie sauve. Je vais tisser cette robe car tu m’as laissée en vie. » Petite Pervenche se rappelait bien de ce jour. Elle n’aurait jamais cru que la fée et le faon ne faisaient qu’un. La fée passa alors la journée du lendemain à travailler. Les rayons venaient du soleil pour atterrir dans ses mains.

La fée rendit le vêtement à la jeune fille. Petite Pervenche remercia chaleureusement la fée. Le soleil tapait fort, et Petite Pervenche retourna au palais sous la chaleur écrasante. Elle s’aventura dans les couloirs, et finit par tomber sur l’homme à qui elle avait donné la robe la veille. Il lui indiqua le chemin et elle arriva dans le hall. Trois autres participantes attendaient déjà. Elles la regardaient bizarrement, avec une pointe de dédain. Petite Pervenche remit sa robe à l’homme et passa devant une glace. Elle entrevit son reflet et se rendit compte qu’elle n’avait pas songé à son apparence ! Elle s’enfuit retrouver Romain. Celui-ci comprit en un regard : elle n’avait pas d’autres vêtements. Ensemble, ils parcoururent les rues, rentrant dans chaque échoppe, chez chaque couturier. Ils achetèrent une robe magnifique, blanche et mauve, brodée de fils violets. Petite Pervenche s’habilla, se fit coiffer et finit par se faire accompagner à la demeure du prince. Elle pénétra dans l’immense bâtiment. Ses cheveux châtains étaient relevés et un collier de perles bleues faisait ressortir ses yeux pervenche. Les six concurrentes restantes attendirent l’apparition du prince.

Il arriva enfin, et inspecta les robes alignées devant lui. Il allait maintenant choisir les trois plus belles robes. Il finit par se décider et sélectionna trois robes. La robe de Petite Pervenche était une des gagnantes : les manches étaient légères et bouffantes ; le petit décolleté était brodé de dentelle dorée – les rayons de soleil – et des fleurs étaient cousues sur le corset. Les jupons étaient légers, plus fins que de la soie. La toile grise laissait ressortir les fleurs et les motifs dessinés. Arriva enfin le moment tant attendu : le prince allait choisir son épouse. Les rivales se regardèrent. Chacune voulait la même chose : se marier avec le prince. Mais il désigna… Petite Pervenche.

Celle-ci sauta de joie et ses concurrentes partirent en pleurant, ou en grommelant. La gagnante se jeta dans les bras de son futur mari et plongea son regard dans le sien. Les yeux verts du prince lui souriaient, et elle put se perdre dans son regard. Elle enfouit son visage dans son cou et soupira d’aise.

*

Le prince et Petite Pervenche se marièrent. La princesse nomma Romain chevalier. Elle maria ses sœurs à de grands ducs. Les mariés vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours.

 

MORALITÉ

 

Chaque être, qu’il soit petit ou grand,

Est tout aussi important qu’un autre.

Plein de petits êtres sont vivants,

Et leur vie pèse autant que la nôtre.

Si nous tous les entourons d’amour,

Nous serons récompensés un jour.


Yasmine RAOUX

6°3